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à proprement parler, une demeure de corsaire. Elle doit dater du deuxième agrandissement de la ville, — vers 1709-1715, date à laquelle on détruisit toute la partie de l’enceinte qui contournait l’anse de Mer-Bonne, que l’on remplaça par le quartier Saint-Vincent. Les maisons qui s’élevèrent par la suite en bordure des remparts ont presque toutes un aspect uniforme, étant construites en granit et coiffées de grands toits d’ardoises. Celle du commandant de Saint-Cast a plusieurs issues ; la principale, située nue Saint-Vincent, permet de sortir en passant totalement inaperçu de quelqu’un qui guetterait du côté de la rue Sainte-Marguerite. La légende veut que ees maisons fussent bâties sur d’immenses caves communiquant avec celles de la grande batterie Saint-Vincent, qui sont voisines. Actuellement, les caves de ces maisons ne communiquent plus entre elles, leurs murs ont 1 m. 80 d’épaisseur, mais ne présentent rien d’anormal ; les partisans de la légende affirment que les communications furent murées sous le troisième Napoléon.

Mlle de Saint-Cast, née en 1806, avait quatre ans lorsqu’elle vit son père pour la première fois. En effet, le commandant, qui se trouvait avec l’escadre française dans les eaux de Cadix, où elle était abritée depuis Trafalgar, fut fait prisonnier, au lendemain de la défaite de Bayden, avec l’amiral Rosily, son chef. Notre escadre, accablée par les Anglais qui occupaient aussi la rade, fut forcée de capituler : elle était pourtant « composée », au dire de Sébastien Blaze, « de nos meilleurs vaisseaux, montés par l’élite de nos meilleurs équipages ».

Tous les officiers français furent alors internés sur les pontons. La Horca, de funèbre mémoire, reçut le commandant de Saint-Cast. Après les scènes tragiques causées par la famine à bord de la Horca, les survivants passèrent sun la