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dans le même instant, naissait, très blanche. Mais, dans la dernière obscurité de la nuit, nul doute que le Fantôme… ou la Vérité, — c’est tout un… — eut si tôt fait de disparaître au plus creux de son Repaire que personne, non plus au retour qu’à l’aller, ne soupçonna le moindre rien de cette fabuleuse et funeste randonnée.

Trois secondes durant, néanmoins, Trêves, Ashton, Nettlewood, non plus frôlés, cette fois, mais battus, battus à toute volée par l’aile trop véridique, furent sincères, comme on vient de voir, sincères jusqu’à l’horreur et l’abomination. Mais ce ne fut, grace à tous les dieux, que durant trois secondes.

Après quoi, toujours grâce à tous les dieux, ils en perdirent jusqu’à la mémoire, — et oublièrent tout ce qu’il fallait oublier. — À telles enseignes, même, qu’ils continuèrent de vénérer la Vérité, et de déplorer, en toute candeur, qu’Elle soit, le plus souvent, absente de notre pauvre monde.

En tout cas, dès l’instant, cette Vérité, revenue, comme on a vu, et tout de suite disparue au fond de son Puits, loin des Hommes, — horrifiée probablement pas trop de mensonges qu’Elle avait rencontrés n’importe où, par le monde, — cessa tout de suite de sévir parmi ces pauvres gens de la Feuille de Rose, naguère si véridiques et si malencontreux.

CHAPITRE XXIV

Immobiles, au seuil de la caverne, lord Nettlewood, Ashton et Trêves s’étaient arrêtés, en triangle. — Que Quelque Chose fût, dans l’instant, rentré dans ce Puits ; que Quelque Chose en fût même jamais sorti, c’est bien ce dont aucun des trois n’avait jamais eu soupçon, ni souci. Ils ne s’en taisaient pas moins, maintenant, comme