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allons donc crever, si j’ose n’être plus parlementaire… Et la situation m’excuse surabondamment de m’y résoudre. Mylord, que Votre Seigneurie me pardonne donc, si je la conjure de vouloir bien, à partir de cette heure, nous foutre la paix…

Et, s’étant retourné vers don Juan Bazan qui, durant les précédentes répliques échangées, n’avait point parlé, mais avait agi :

— Don Juan, cher camarade… depuis que vous travaillez en silence, avez-vous prélevé, sur ces aliments communs… je veux dire sur ces aliments, bien de la communauté… notre part, à vous et à moi ?… de quoi souper, nous deux, bref ?

— Oui-da ! — affirma don Juan Bazan ; — voire, de quoi bien souper, ser Carlo !

— Emportons donc ! — conclut, d’un ton fort assuré, le prince Alghero, qui peut-être, dans cette seconde, se souvint de ses ancêtres, lesquels, amiraux méditerranéens, avaient, plus que probablement, à l’imitation de leurs magnifiques rivaux, les émirs corsaires d’Alger, de Tunis et de Salé, prélevé leurs parts, — larges, — sur toutes cargaisons de leurs temps… — Emportons donc, don Juan ! et, n’en parlons plus !… Lord Nettlewood, je suis votre serviteur… et vous prie d’agréer mes respects… mes respects, oui bien, mylord !… et mes remerciements aussi… le tout ensemble…

Il se tut un moment. Contrairement à ce qu’eût exigé la logique, il n’était pas, prêt à sortir de la eaverne, à proximité de son orifice. Bien au contraire : il s’en était tenu jusqu’alors aussi loin que possible, c’est-à-dire à toucher le Grand Puits. Ayant dit ce qu’il avait dit, et reculant d’un pas, il heurta donc le rebord de lave qui formait en quelque sorte, là margelle de ce Puits, de ce Puits que quelqu’un, tout à l’heure, avait, si