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— Ho ! — s’exclama la toute gracieuse Grace Ashton, qui ne s’attendait à rien de pareil.

— Quand même ? — fit observer sur-le-champ le comte Henry de la Cadière, lequel considéra l’honorable Reginald Ashton avec plus d’attention que la frivolité du propos n’en semblait nécessaire : — quand même la Vérité sortirait-elle de ce Puits, cher monsieur… et sortirait-elle même toute nue ?… qu’aurions-nous à en craindre, nous, honnêtes gens, tous tant que nous sommes ?…

— Rien, certes ! — protesta Reginald Ashton. — Mais je pense, ce néanmoins, que la Vérité toute nue n’est pas bonne à regarder par de simples hommes, comme nous voilà… et, peut-être, son Puits non plus…

VIII

Sur le sentier qui escaladait la falaise, les hôtes de lord Nettlewood s’espaçaient à la queue leu leu. Avaient sauté à terre, les premiers, Mme et M. de Trêves ; puis, les suivant, Mmes Ashton et Francheville, à qui s’étaient empressés d’offrir la main MM. de la Cadière et Ashton.

Déjà le ménage de Trêves s’éloignait, courant à toutes jambes, et gagnant vers le sommet de la falaise. Derrière lui s’en vinrent, fort légèrement aussi, Mrs. Ashton, qui s’appuyait parfois sur le bras d’Henry de la Cadière ; puis Mme Francheville, avec l’honorable Reginald Ashton. Or, ceux-ci demeurèrent en arrière, tandis que ceux-là gagnaient de l’avant, sur les traces des premiers débarqués, qui atteignaient déjà le plus haut du sentier.

— Mr Ashton, — déclara, toute souriante, Germaine Francheville, — nous n’allons pas, vous et