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de l’Écriture, et que nous nommons aujourd’hui les Russes. Ils monteraient vers Jérusalem pour la détruire, mais seraient anéantis par une pluie de feu dégageant des gaz mortels ; puis les méchants ressusciteraient, afin qu’on les pût éternellement torturer ; et ce serait le jugement dernier, après lequel les Justes, devenus pareils aux anges, vivraient dans la volupté sans se reproduire.

Et bien d’autres hérétiques encore se trouvaient là : des Montanistes, des Priscillianistes, jusqu’à ces étranges disciples de Carpocrate qui pensaient que des Esprits sublimes président à tous les actes de l’humanité, même les plus infâmes, et que c’est avec certitude rendre hommage à l’un d’eux, qui devient un protecteur tout-puissant, que de s’abandonner aux stupres les plus immondes, aux rapprochements stériles d’homme à homme, de femme à femme. Car Pérégrinus, après avoir voulu d’abord s’appuyer sur ces dissidents contre les chrétiens, avait pris à la fin le parti de les mêler à eux pour compromettre ceux-ci, et susciter des querelles.

Mais Onésime, avec une grande modération jointe à une dialectique puissante, à l’empire qu’il savait exercer sur les âmes, à la pression aussi qu’opéraient l’exemple et la discipline des orthodoxes, les amenait peu à peu, sinon à renoncer formellement à leurs hérésies, du moins à en quitter les pratiques, à s’accorder sur les points qu’ils gardaient en commun avec les fidèles de la stricte observance, en taisant leurs différends. Il les dressait d’un bloc contre les sectateurs des Olympiens, ne se montrant intraitable, par une ancienne rancune, qu’à l’égard des tenants du schisme donatiste ; et il refusa l’accès à la communion de Lucilia, veuve, belle et fervente, parce qu’elle baisait, avant de participer au mystère, les os d’un martyr donatiste, qu’elle