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qu’à sa mort, qui fut naturelle, à la tête de quatre cents brigands.

— Quelle preuve serait-ce là contre sa divinité ? Un dieu peut se permettre cette fantaisie…

— Son existence aurait été assez semblable à celle d’Apollonius de Tyane ; il usait de prestiges et de charmes, ressuscitait les morts… Quant à ceux que les chrétiens nomment leurs évêques et leurs prêtres, il semble avéré que certains sont de pures canailles. Un de ces evêques, Purpurius, en Afrique, a fait assassiner les deux enfants de sa sœur afin d’en hériter. Un autre, Silvanus, a été condamné pour concussions. Il vendait à son profit le vinaigre que le gouvernement perçoit à titre d’impôt en nature : on a retrouvé les jarres dans son cellier. Pachybios en donne des preuves authentiques… Pour leurs fameuses vierges consacrées, qu’ils nomment aussi des veuves — veuves éternelles d’un époux qu’elles n’ont pas eu — Pachybios cite des écrits chrétiens qui démontrent que, si elles refusent le mariage, elles n’en dédaignent point les plaisirs : à Rome, plusieurs d’entre elles vivent dans la maison d’un ami, qu’elles appellent leur protecteur, et elles ne repoussent que les conséquences génératrices de ces relations. Ceci est presque devenu d’un usage courant.

— Et après, jeta brusquement Cléophon, qu’est-ce que cela prouve ? Je voudrais bien savoir de quel droit on prétend empêcher les gens de faire ce qui les amuse ? Et nous ? Et nos dieux ? Est-ce que nos vestales sont toutes vierges ? Est-ce qu’Apollon n’a pas couché avec sa sœur ? Est-ce que Zeus n’a pas couché avec toutes les femmes, et un beau garçon ? Est-ce que l’Empereur Hadrien n’en a pas fait autant, et son Antinoüs n’a-t-il pas été rejoindre la divinité de Dyonisios pour jouir des mêmes hommages ? Est-ce que Dionysios lui-même, dans