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200 mètres ou 300… et fond de roche… je perdrais mon ancre, à coup sûr… Mais si Votre Seigneurie veut visiter l’île, nous n’avons pas besoin de mouiller pour cela : j’abriterai le yacht sous le vent du Pic et je débarquerai la vedette, qui pourra très bien accoster… ici, par exemple… dans cette espèce de crique…

Lord Nettlewood s’était penché sur la carte :

— Oui, — dit-il.

Il se releva, sortit de la chambre, fit quelques pas sur la dunette. Le capitaine O’Kennedy le suivait respectueusement.

Sa Seigneurie vint en abord, s’accouda face au vent, et regarda au hasard.

À perte de vue, l’Océan bleu resplendissait sous le ciel bleu. Le soleil déjà haut faisait ruisseler d’est en ouest, sur toute la mer, une énorme coulée d’or fondu.

La houle creuse de l’Atlantique poussait ses lames ; et la Feuille de Rose roulait assez bas, par grands coups profonds et lents.

Lord Nettlewood se retourna vers son capitaine :

— Le roulis ne vous gênera pas pour débar quer la vedette ?

O’Kennedy allongea les lèvres, puis haussa les épaules :

— Non, mylord. Pas sérieusement. C’est plutôt pour accoster la terre que la vedette risquera d’être ennuyée, oui… parce que là-bas, ça doit déferler dur… mais dans cette petite crique, qui justement s’ouvre sous le vent, et bien abritée… ça ira.

— Eh bien ! voici, — fit le lord : — si nous pouvons toucher à Graciosa avant qu’il soit midi piqué, j’emmènerai volontiers mes notes à terre, histoire de déjeuner sur le plancher des vaches… Qu’en pensez-vous, O’Kennedy ?

O’Kennedy s’étonna :