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DE L’ÉDITEUR.

ciles à pénétrer, et sur-tout à exprimer. Le langage humain est trop faible pour dépeindre les opérations intérieures de l’ame en certains états extraordinaires ; opérations si simples, si délicates, si éloignées des sens, qu’elles ne peuvent être bien comprises par ceux qui ne les ont pas éprouvées. On ne peut donc attendre d’un auteur qui traite des matières si relevées, la clarté qui doit caractériser de simples élémens. On doit s’attendre au contraire à y rencontrer bien des choses obscures, difficiles à saisir, et même tout-k-fait inintelligibles pour les personnes qui n’ont pas encore une certaine expérience des voies intérieures. C’est ce que les illustres Prélats, auteurs des articles d’Issy, ont expressément reconnu dans le 34e de ces articles. Non contens d’y établir comme un principe incontestable que les commençons et les parfaits doivent être conduits, chacun selon sa voie, par des règles différentes, ils ne craignent pas d’ajouter que les derniers entendent plus hautement et plus à fond les vérités chrétiennes.

Ces réflexions suffisent assurément pour justifier S. Jean de la Croix contre les réproches des critiques déjà cités. Ce pieux auteur, selon la remarque d’un Théologien judicieux[1], n’a pas écrit pour les commen-

  1. Note sur la vie de S. Jean de la Croix, parmi les Vies des Pères et des autres Saints, traduites de l’anglais d’Alban Butler, par l’abbé Godescard, 24 Novembre.