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Livre I. Chapitre II.

de même l’ame ayant passé par la première nuit, en se privant des objets qui contentent les sens, entre dans la seconde nuit ; car elle est alors dans une foi toute nue et toute simple, dont elle suit uniquement les lumières et la conduite.

La troisième nuit, l’Ange donna des assurances à Tobie de la bénédiction qu’il recevrait, et qui est Dieu. Ainsi Dieu, pendant la seconde nuit, qui représente la Foi, se communique à l’ame d’une manière si secrète, qu’il est pour elle une troisième nuit, plus obscure que la première et la seconde. Cette troisième nuit étant passée, c’est-à-dire, cette communication de Dieu étant achevée, quoique l’ame soit couverte de ténèbres, elle est unie aussitôt à l’Epouse, qui est la sagesse divine. Et comme l’Ange déclara au jeune Tobie que la troisième nuit il serait uni, dans la crainte du Seigneur, à son épouse, de même la crainte de Dieu, quand elle est dans sa dernière perfection, est unie avec l’amour divin, et l’ame se transforme alors par amour en son Dieu. Mais pour rendre ces choses plus intelligibles, nous traiterons en particulier de leurs causes.

Il faut néanmoins remarquer que ces trois nuits ne sont, à proprement parler, qu’une nuit divisée en trois parties. On compare la première nuit, qui est celle des sens, à la première partie de la nuit naturelle qui nous dérobe la vue des objets visibles. La seconde, qui est la nuit de la Foi, est semblable à la minuit, où on ne voit