Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc ce phénomène-là... ce doit, être monstrueux, mon Jô !

Elle se manifestait prodigieusement intéressée. Sans doute comptait-elle tirer bénéfice de mon explication. Mais comme j’avais maintenant à traverser, avant d’aboutir a mon rétablissement normal, une longue période d’accalmie, et que je l’eusse certainement déçue, je remis l'explication à plus tard. Je l’attirai sagement à un fauteuil et m’agenouillant devant elle :

— Alors, pendant que ce pauvre Jô voyageait, vous avez été sage ?

— Une image !

— Vous ne l’avez pas oublié ?

— Je n’ai cessé de penser à lui.

— Pas de flirt ?

— Pas l’ombre.

— Vous le jurez ?

— Je le jure.

O la limpidité de son regard, la loyauté de son accent, la tranquillité de sa conscience, tandis qu’elle se parjurait !... Mais je n’avais plus à m'étonner.

Elle ajouta :

— Je suis toujours digne de partir avec vous et je n’attends que votre signal.

— Ah ! voilà, ma petite Rolande.

Je lui pris les mains :

— Ecoutez... j’ai beaucoup observée beaucoup appris, pendant ce voyage. Vous savez, que c’est un pays où subsiste encore la sorcellerie ?... Eh bien, j’ai rencontré là-bas une espèce de : sorcière... une fée, plutôt... oui, une petite fée,., jolie comme vous... séduisante autant que vous...

— Qui a été votre maîtresse ?

— Non !... sur mon honneur ; croyez-moi... mais qui s’est intéressée à moi... à nous,... car je lui ai conté notre liaison, nos projets... et elle m’a répondu, cette fée, par des paroles prophétiques que je ne peux oublier : « Sois prudent, m’a-t-elle