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— Ah çà ! tu es folle ?

Elle jaillit des draps où elle s’était déjà glissée. Elle vint se mettre à genoux près de mon siège, m’entoura de ses bras.

— Oui, tu es folle... Ne pouvons-nous pas nous gêner un peu l’une pour l’autre ? Et puis... sera-ce de la gène ?... Quand on se câline doucement... quand on se respire ?... quand, on sent battre un cœur qui bat pour vous !... Viens ! chérie... viens... je dormirai sur ton épaule, comme avec Georges, lorsque j’étais lasse... et tu verras, tu verras si c’est bon !

Tous les fluides issus de son être splendide, tant de fois animateurs de ma convoitise, se dilataient, me pénétraient jusqu’aux nerfs, m’emportaient vers l’impossible ivresse. Je ne résistais plus : je me dévêtis en un tour de main et la suivis dans la couche.

— O Rolande !... Rolande !

À partir de cet instant précis, je n’ose plus raconter ce qui se passai. Oh ! ce n’est point pour la raison que certains esprits, par trop curieux des situations exceptionnelles, pourraient imaginer de mes agissements en retrouvant le corps adoré de ma maîtresse. Non. C’est parce qu’à partir dé cet instant précis, mon cerveau ne m’appartint plus. Et voici comment.

J’avais entendu, sans y prêter attention, tant j’étais victime de mes propres émotions, j’avais entendu une auto ronfler dans la rue, des coups frappés à la porte, et une voix aiguë crier : « Ouvrez ! Ouvrez donc !...» Puis, il y avait eu des pas dans le couloir, qui s’étaient arrêtés à notre porte, et quelqu’un, avait dit :

— C’est là.

Alors, au moment où j’enlaçais Rolande, une force soudaine m’en sépara. Ah ! je la connaissais bien, cette force, puisque j’en avais été possédé à plusieurs reprises !... Elle m’enveloppa, m’étrei-