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— Oh ! reprends... reprends ces hommes !... Ils sont à toi, je ne te les dispute pas... mais, mon Dieu, que Georges était donc naïf !

Hélas ! mon idole s’émiettait peu à peu... Il était temps que Robert revînt. En lui, au moins, l’inconnu ; et peut-être parviendrais-je à reconstruire avec lui le temple sacré du rêve qui tombait en ruines un peu plus chaque jour.


X


Il réapparut, guidon menant, le surlendemain ; bien après, par conséquent, le jour qu’il m’avait annoncé. Je battis des mains en le voyant. Non pas qu’il eût manqué à mon cœur ; mais il me manquait corporellement, si je peux exprimer ainsi le défaut qu’il me faisait. Une meilleure analyse de son influence sur moi me faisait maintenant établir que j’étais, sans lui, comme désassorti. Il n’y a pas de mots, ni peut-être de périphrases, pour traduire cela en français.

— Ça colle ! jeta-t-il, dès le débarqué. J’ai fait des affaires superbes ! trois mille barriques avec un bénef de dix francs pour chacune. Comptez !

Il en oubliait de me baiser la main. Je le lui fis remarquer. Il s’y prêta sans élan.

Puis il reprit :

— Alors, ça va, la choute ?... A-t-on badigonné, pendant que Robert trimait ?... Vous savez, j’ai placé trois de vos peintures.

— À qui ? — À des clients, tiens !... Oh ! je sais le truc, moi.

Autour de nous, on se pinçait les lèvres. Rolande, sans ressentiment, riait franchement. Robert ? pas inquiétant, Robert. Il rassurait tous mes amoureux. Non ! cette belle fille, cette artiste,