Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser mes cheveux. Elle prit sans mot dire un livre oublié sur un meuble et se retira.

— Vous voyez, imprudent, me voilà compromise ! ... fustigeai-je. Cette pécore s’est doutée de votre violence ; elle croit à ma complicité : dans deux minutes, tout le château le saura !... Comment réparer cette atteinte à mon honneur ? M’offrirez-vous le mariage ?

— On y peut penser... fit-il, méditativement.

— Mais je suis déjà fiancée !

— Ce n’est pas irrémédiable.

Toutefois, il était refroidi. Il me laissa sortir sans plus rien tenter.

Je glanais des époux ! Ah ! mon avenir conjugal était solidement assuré !

Si je n’avais eu à enregistrer que ces propositions, fort naturelles, en somme !... Mais il m’en vint, quelques jours après, une autre, qui me parut plus extravagante encore.

La chaude journée d’août s’achevait et je faisais autour du lac, sous les ombrages, une courte promenade avant le dîner, préférant la solitude à la compagnie des hôtes du château, les uns, comme M. Variland, Rimeral et la baronne, parce qu’ils me portaient trop d’intérêt, les autres, et je veux parler des Chabrol et de Mlle Férette, parce qu’ils se détournaient maintenant de moi. Tout à coup des cris d’épouvante me parvinrent du kiosque, et je vis la compagnie se presser à la balustrade, en désignant une barque chavirée, près de quoi une personne se noyait, dont on n’apercevait plus que les bras s’agitant désespérément dans l’eau. Mes dispositions de bon nageur me devaient rester intactes : je me débarrassai prestement de ma robe, de mes sandales, et en simple combinaison, qui me plaquait comme un maillot, je piquai une tête dans l’onde, vers la victime. Je l’eus bientôt rejointe. C’était la baronne. Je la reconnus à ce que, voulant la saisir aux cheveux, sa perruque