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Avec le bellâtre Rimeral, les choses marchèrent plus rondement encore. Ah ! il ne s’arrêtait pas aux bagatelles sentimentales, celui-là ; il menait la ritournelle d’amour d’un coup d’archet joyeux comme ses flonflons d’orchestre ; il comptait me trousser de la façon tromboïdale dont il avait bousculé d’innombrables cabotines, avant son collage avec la Savari.

Nous étions, seuls tous deux, dans le petit salon doré ; il venait de me faire entendre, en un susurrement, deux mélodies touchantes et banales de sa prochaine opérette, qui lui vaudraient à nouveau les honneurs de l’orgue de Barbarie, quand, me jugeant mis à point par sa musique, il abandonna le clavier et se précipita sur le sopha où je m’étais allongé pour l'écouter. Il enserra ma taille dans ses muscles.

— Je le dirai à Rolande !., criai-je, me débattant.

— Qu’est-ce que cela peut bien me fiche, Rolande !... exhala-t-il. C’est toi que j’aime !... toi que je veux !... toi que j’aurai !...

Dans une sainte répulsion, je le griffai au visage. Mais, d’une main, il me paralysait les bras et de l’autre s’aventurait sous ma collerette. Je sentis ramper sur ma gorge comme une grosse bête chaude, armée de tentacules. Et je vis descendre vers mon visage les deux sangsues gorgées de ses lèvres, Lutte sourde, car je n’eusse osé crier, où ma résistance s’épuisait en même temps que mon dégoût. Que fût-il arrivé, mon Dieu ! quelle déchéance, quelle chute, quel avilissement — eu égard à mon androphobie de jadis, qui persistait sous ma nouvelle structure — que fût-il arrivé, si du bruit ne s’était soudain produit dans la pièce voisine... Mon violenteur se redressa à temps pour que Mlle Blanche Férette ne s’aperçût que de mon trouble, de ma précipitation à ramas-