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Ainsi se passaient nos chères journées d’isolement. De son portrait, il n’en fut pas question. Le soir, après un peu de musique et quelque lecture encore, nous nous séparions sur le pas de ma chambre. Pour la tranquillité de ma nuit, elle habitait une autre aile du château. M. Variland, obéissant sans doute à un secret espoir, l'avait voulu ainsi. Et je n’avais pas à l’entendre remuer, faire sa toilette, murmurer sa chanson. Je n’avais pas à penser qu’un simple coup discret, frappé à sa porte, me permettrait d’être dans ses bras. Un long couloir à traverser peut devenir signification d’une barrière morale. Je la respectais.


IX


M. Variland rentra. Le château allait se remplir d’hôtes avec lui. Il amenait dans la grande limousine le ménage Chabrol, Rimeral, Mlle Férette et la baronne des Illeuls. D’autres allaient venir plus tard, pour la chasse. Robert m’avait également signalé son arrivée prochaine.

Notre intimité nous était si douce que, pour la prolonger encore, Rolande, un peu souffrante d’un rhume contracté durant nos promenades, exagéra son mal et garda là chambre. Je dus donc remplir un peu ses devoirs de maîtresse de maison et accueillir ces gens au débarqué. Ce me fut l’occasion de noter les traces que j’avais laissées dans les cœurs.

— Pas trop ennuyée ?... me dit M. Variland. Ah ! que j’ai déploré ces maudites affaires qui m’ont éloigné de vous !,.. Je tiens tant à votre sympathie !...

— Mais, vous l’avez déjà, monsieur Variland.

— C’est entendu... mais par sympathie, j’entends ... enfin, nous en reparlerons plus tard. Pour l’instant, je téléphone au docteur.