dre dans mes bras, à sécher, de mes baisers, les sillons tracés sur ses joues.
— Allons ! envoie quand même ta lettre. Peut-être, en effet, vaut-il mieux l’ignorance que la vérité.
Une fois de plus, je m’étais aventuré dans ce chaos, fait de cimes et de gouffres, qu’est un cœur de femme. J’y découvrais de singulières ombres, sous les lumières éternelles !... Mais, après tout, le cœur de l’homme est-il différent ?
Nous allâmes à la salle à manger, où, déjà depuis un instant, M. Variland nous attendait. Je constatai que sa grave personne se prêtait progressivement à une évolution en harmonie avec son cœur. Après avoir passé de la sévère redingote à la correcte jaquette, voilà-t-il pas maintenant qu’il adoptait le veston jeunet, avec le mouchoir au côté ! Le tissu en était toujours sombre ; mais il était à prévoir qu’il s’éclaircirait, pour peu que continuassent ses prétentions à me séduire, car c’était pour moi qu’il suivait cette progression décroissante dans l’austérité du costume. Pour moi, que sa couronne de cheveux portait les vagues d’une timide ondulation due à l’artifice du coiffeur. Pour moi, que son col droit s’évasait maintenant et qu’il y pouvait replier sa gorge, à la fin de solennelles déclarations sur les rapports de la crise financière avec la politique extérieure. Pour moi, qu’il buvait lentement, en évitant les embardées de sa pomme d’Adam et les glouglous de liquide qui la frôlaient. Pour moi, qu’après m’avoir longuement regardé, il détournait enfin les yeux, en poussant, à cinquante ans sonnés, les soupirs d’un jouvenceau.
Cherchez la raison d’amour quand une troisième personne intervient dans l’intimité d’un ménage. Ce principe avait guidé la curiosité des fidèles de la maison, et, les agissements de M. Variland avec moi aidant, ils en avaient vite conclu,