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Et j’ajoutai, amèrement, tout en marquant d’une croix le jour mémorable :

— Allons ! me voilà passé à l’état de poule !.. une poule !... ça me manquait !...

Négligeant les prudents conseils de séjour au lit qui m’avaient été donnés, je m’attablai pour écrire à Rolande la lettre que j’étais censé avoir reçue. Je la fis longue, passionnée. Plus ma plume courait sur notre papier mauve, plus j’écartais les mauvaises suggestions du docteur et retrouvais des phrases propres à calmer ses alarmes et entretenir son feu sacré. J’avais besoin de croire en elle, en sa constance, en sa fidélité. Je ne pouvais cependant plus me demander à quoi servirait cette prolongation, chez elle et chez moi, d’une ferveur que mon extraordinaire destin condamnait au néant. Et, toute réflexion faite, je ne continuais la légende de mon absence que pour soulager ma sentimentalité.

Quand je relus ma lettre, je m’émerveillai de sa forme autant que de son fond. J’avais réalisé une délicatesse de style, une élévation de sentiments tout à fait nouvelles, imprévues, avec les touches légères de l’expression féminine. C’était donc que la greffe de Tornada poussait des racines jusqu'au cerveau ?...


VII


Je prenais maintenant, chaque jour, au moins un repas chez les Variland, de préférence le déjeuner, afin que nous eûssions le loisir, Rolande et moi, de courir ensuite aux futiles emplois de l’après-midi. J’aimais arriver de bonne heure, la surprendre à sa toilette, au sortir de l’onde parfumée, livrant sa chevelure à sa femme de chambre, sa chair blonde épanouie sous le peignoir.