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que : mais l’ignorance en fait des montagnes. Tout d’abord, mes bagages. Ils se composaient de trois malles, de deux caisses à chapeaux et d’une dizaine de colis de toutes sortes, sacs, nécessaire de toilette, coffret à bijoux, coussin à eau chaude, etc., etc… y compris même une boîte de pharmacie. Ah ! Tornada n’avait rien négligé. Où avait-il donc récolté tout cela ? Ce qui m’intriguait aussi, c’est qu’ils semblaient, à la surcharge des étiquettes, avoir beaucoup voyagé. L’effort à faire pour les ouvrir, les déballer, les ranger, m’apparut insurmontable. Et, du reste, bien qu’il ne fût que trois heures de l’après-midi, une grosse lassitude, répercussion certaine de mes émotions jointes à la fatigue de ma première sortie, me terrassait déjà. Je n’avais plus qu’une envie : m’étendre, dormir, en attendant les événements.

À défaut d’une chemise de nuit, quelle plus douce enveloppe que le kimono de Rolande. Le soyeux tissu encore tout imprégné d’elle, de son odeur préférée, des parfums de son être, qui l’attendait toujours, qui l’attendait encore, était soigneusement range dans une armoire. Je m’en saisis, m’en baignai comme d’une eau charnelle et me laissai aller à la volupté de l’oubli.


IV


Je me dressai en sursaut. Sortais-je donc d’un rêve, ou plutôt, m’y trouvais-je encore plongé ?… Quatre coups venaient d’être distribués à mes volets, selon un rythme conventionnel, qui était le signal extérieur de Rolande, pour m’avertir qu’elle arrivait, que j’eusse à la faire entrer.

À cet appel béni, auquel succéda bientôt un