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ASIE

mon goût des bibelots féminins fragiles et cassants, ma passion d’amours impudiques et acrobatiques, car j’aime tout ce qui de l’amour fait un jeu original et transforme, en l’embellissant, l’acte éternel, banal et si souvent hideux.

À certain moment ma compagne me demanda un miroir. Je n’en avais pas et ne soupçonnais point qu’il put en être dans la pièce, mais elle m’indiqua un coin : j’y trouvai un ovale de cristal entouré d’une ciselure adorable, sans doute ancienne, qui m’émut profondément.

Elle se regarda dans le reflet.

— Me trouves-tu belle ? dit-elle enfin.

— Ne te l’ai-je pas prouvé ? répondis-je.

En somme il me fallait tourner le dos au mode opératoire infructueusement employé tout à l’heure. Je disais précédemment que la beauté me transportait au delà des contacts. Maintenant il était bon d’affirmer qu’elle me les inspirait.

Mais ma partenaire eut l’air ébahi de ma réponse.

— Tu ne m’as pas dit une seule fois que je suis belle ! murmura-t-elle avec regret.

Je rétorquai :

— Ne t’ai-je pas prouvé par mes étreintes et mes baisers que ta beauté est pour moi la plus splendide des passions.

Ce raisonnement ne parut pas lui être compréhensible.

— Non ! Je ne me suis pas aperçue que tu me trouvais belle.

Je me jetai près d’elle, en frémissant de colère :

— Tu es plus belle que le soleil. Tu es semblable à tout ce qui au monde contient la beauté. Mais le reste ne possède que des fragments et toi tu possèdes tout. Tu es la beauté même.

Elle parut réfléchir.

— Embrasse-moi encore ! dit-elle en façon de réponse. Mais elle ne riait plus autant.

Je continuai à jouer avec son corps. Malgré l’émoi