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ASIE

— Tout, elle exagère…

Le « greffier » répond.

— Je le vois bien, mais elle l’a dit. Et celle qui va venir est informée. Sois fort !

Il s’en va.

V

L’épreuve.

2

La rousse.

Deux minutes passent, puis la porte s’entr’ouvre et une sorte de chèvre cabriolante apparaît, déboule en sautant et se rue sur moi avec des roucoulements.

Disons vrai. J’aime mieux ça que la dignité impériale de l’autre. Sans attendre, ma nouvelle compagne, amante, épouse ou bourrelle, fait tomber la totalité des étoffes qui la vêtent. Le coup avait été étudié. Elle se trouve nue, sauf le pantalon soigneusement attaché autour de la taille et aux chevilles. Elle est rousse de tignasse, d’un roux ardent et magnifique. Elle me plaît beaucoup mieux que la précédente, celle-ci. Au moins je vais y mettre de l’enthousiasme. Il est vrai que c’est si intuitif une femme ! La blonde sang mêlé a peut-être deviné que je n’étais ému qu’en qualité de condamné, non en tant qu’homme. C’est pour cela qu’elle m’envoya si gaillardement au supplice… Celle-ci est petite et jeune. Seize ans peut-être. Seins écartés et droits, corps mince et souple, ventre plat et drôlement obombré, elle porte un joli masque laiteux et triangulaire avec un menton étroit à fossette. Les yeux sont violacés et c’est vraiment une délicieuse maî-