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ASIE

fusil d’épaule. Je me lève et doucement je dégage les épaules de la chemise. Le grand vêtement tombe.

La voilà nue. Cette fois je suis plus à l’aise. Je pose un baiser sur le sein droit, puis sur le sein gauche, Tous deux sont lourds et déjà fléchissants, mais leur courbe est belle.

La femme ne bouge pas du tout. Elle accepte tous les hommages avec une somptueuse indifférence. Cela ne laisse pas de désorienter mes idées. Je promène les mains sur sa peau avec soin et amour. De fait, il est certain que cette chair, macérée dans les pâtes et les parfums, plongée et replongée dans l’eau, caressée par des masseuses du cru et strigilée comme celle des athlètes grecs, est d’une douceur de tact merveilleuse. Les plus fines peaux d’Europe, à côté d’elle, sont pustuleuses. C’est, ma foi, excitant, cette caresse qui insiste et s’évertue.

Elle dit :

— Tu es lépreux ?

Je la regarde avec stupeur. Avec un geste de reine elle désigne mon harnois d’explorateur :

— Crois-tu que je sois venue pour connaître le contact de tout cela ?

Ah ! Voilà la gaffe suprême qui me fait peut-être perdre cette magnifique épouse d’émir. Je voulais la mettre nue, mais il fallait accompagner cela par une dévêture parallèle.

Je trouve la riposte :

— Devant toi je ne désire que de t’entendre commander, je voulais te voir me parler ainsi. Je serai nu…

Elle répond dédaigneusement :

— Nu, si tu n’es pas difforme ou laid ?

Je pense :

« Chipie… »

En quelques gestes précis je suis « en peau ». Je dresse devant ce corps pâle et lacté, aux courbes molles, ma stature d’athlète d’occident. Mes muscles bien détachés jouent sous le derme.

Elle me toise de la tête aux pieds :