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ASIE

ment vigorant, mais je m’en contente et fais honneur à ces pâtisseries médiocres. Je bois une sorte de thé inconnu, d’une saveur assez plaisante, et me déclare satisfait.

— Viens ! dit l’homme avec un clin d’œil complice.

Je le suis. Dans la pièce voisine est un escalier sculpté à la façon arabe qui monte à l’étage au-dessus.

— Va !

Je monte.

Il ne me suit pas. Quand je suis en haut, il dit encore :

— Entre !

J’ouvre une porte et me trouve dans une pièce carrée. Je n’ai pas eu le temps de regarder autour de moi que la porte abandonnée se referme. Je veux la rouvrir pour entendre encore une fois les paroles sans doute toujours plus précieuses de mon guide. Inutile. Un secret condamne le lourd panneau.

Je suis dans la chambre des Épreuves…

Le long de deux murs courent des banquettes. Sur le troisième côté, un lit vaste et bas, couvert de fourrures, règne, éclairé par deux lampes anciennes extrêmement belles. Le quatrième pan de la pièce comporte une table avec deux chaises pleines. Au milieu de la table, une cruche en émail vert est accompagnée de son plateau et de deux tasses semblables. Je vais tâter le récipient et odorer son contenu. Ce doit être de l’eau pure.

À terre un tapis épais et polychrome s’étale joyeusement. Le plafond est décoré de petits carrés à arabesques émaillées. Pas une fenêtre à ce lieu, mais, au ras du plafond, des jours rectangulaires que je ne puis atteindre et qui aèrent la pièce. J’ai subitement soif. Je me sers un peu du liquide contenu dans la cruche. Ce n’est pas de l’eau. J’espère que ce n’est pas du poison. En tout cas, c’est désaltérant.

Maintenant j’attends. Je suis assuré qu’en un coin difficile à deviner des yeux aigus m’espionnent et qui me quitteront pas de toute la nuit.