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ASIE

rencontré aucun Européen depuis Koundouz et nous pouvions avoir l’illusion de voyager dans un continent inconnu.

Quelle terre extraordinaire que celle-là ! Partout où nous passions je trouvais des minéraux précieux à l’état quasi pur. Le sous-sol est constitué de fer et de cuivre, de manganèse et de métaux rares. Le charbon existe par couches monstrueuses, et le pétrole est là aussi. On marche sur l’asphalte. Il y a aussi certainement des corindons. J’ai trouvé plusieurs fois des blocs de sels d’aluminium colorés annonçant des émeraudes, ou des rubis, peut-être, en tout cas des gemmes commerciales. Mais il me fallait être prudent. J’étais le seul minéralogiste. Si j’avais dit qu’en tel lieu devaient se dissimuler des gîtes de pierres précieuses, je n’aurais jamais pu mener ma caravane plus loin. D’ailleurs, j’avais mission exclusive de repérer les nappes pétrolifères, si possible, par enquête superficielle et au besoin par des sondages. Je me faisais un devoir de suivre cette consigne. Elle n’avait au demeurant que des avantages pour moi et la recherche d’autre chose ne pouvait que mettre la caravane en danger, comme je le sus et constatai.

Nous remontâmes donc péniblement vers le nord. C’est un pays pierreux et accidenté où la vie est ingrate. Un matin, l’ingénieur qui me servait d’aide, un Yankee suédois, fut trouvé mort dans sa tente. Deux jours plus tard, une sorte d’épidémie coucha cinq Afghans qui moururent à leur tour en trois jours.

Je voulus presser notre marche pour arriver au plus tôt à Khiva. C’est ici que…