Page:Les Œuvres libres, numéro 5, 1921.djvu/351

Cette page n’a pas encore été corrigée

La Trentaine

Grande nouvelle inédite

par

André Billy

CHAPITRE PREMIER

Le 12 novembre, date à laquelle s’est fermé mon dernier cahier, marque le commencement de ma grande passion pour Mme de Meurbois. Pauvre petite femme ! J’ai justement reçu d’elle, il y a huit jours, un mot non signé, quelque chose dans le genre de : Je pense toujours à vous. Pourquoi pas une carte postale coloriée avec une formule d’amitié imprimée en or ? Mais ce n’est pas pour m’entretenir de Mme de Meurbois que je me suis remis à écrire Je n’ai nommé la gentille baronne que par manière d’enchainer, comme disent les gens de théâtre, et pour la nécessité de la transition. Je n’aime plus Mme de Meurbois, c’est certain. Je ne l’ai même jamais aimée. Pourtant, j’ai cru l’aimer et vingt autres avant elle, parmi lesquelles j’en regrette au moins une dizaine, sinon toutes. Et même Mme de Meurbois, qui sait ?... Allons, bon, voilà que j’y reviens. Zut pour Mme de Meurbois ! Il s’agit bien de Mme de Meurbois, à présent que je suis amoureux de Mme Survil ! Encore une que je regretterai dans six mois...