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petite station de Hampshire. Nous nous assurâmes une méchante carriole. Un quart d’heure plus tard, nous arrivions chez notre brave ami le sergent Coventry.

— Vous avez du nouveau, monsieur Holmes ?

— Je n’en sais rien encore, c’est le revolver du docteur Watson qui nous fixera. Pouvez-vous me procurer dix yards de ficelle ?

L’épicerie du village nous en fournit une pelote d’une qualité très solide.

— Voilà, j’imagine, qui fera notre affaire. Et maintenant, s’il vous plaît, en route. J’espère que notre voyage touche à sa fin.

Le soleil se couchait, les landes du Hampshire déroulaient de tous les côtés leur magnificence automnale. Le sergent allait se dandinant près de nous et, de temps en temps, lançait à mon ami un regard oblique, comme s’il doutait de sa raison. En approchant de la scène du crime, je m’aperçus que, sous son air de froideur habituel, Holmes était profondément agité. Je lui en fis la remarque.

— Oui, me dit-il, vous m’avez vu quelquefois manquer le but. Il m’est arrivé que mon instinct,

généralement assez sûr, me fît faire fausse route. Dans la prison de Winchester, j’ai eu brusquement l’impression de voir luire la certitude. Mais c’est le défaut d’un esprit actif de trouver à tout des explications contradictoires, de sorte qu’il ne peut se flatter d’être dans la bonne voie. Et tout de même, Watson, tout de même… Essayons.

Nous étions arrivés. Tout en marchant, Holmes avait fortement noué un des bouts de la ficelle à la crosse du revolver. Guidé par le représentant de la police, il marqua soigneusement la place exacte où l’on avait découvert le corps. Puis il se mit à chercher parmi la bruyère et les fougères ; il en retira un très gros caillou qu’il attacha à l’autre bout de la ficelle et, l’ayant