Page:Les Œuvres libres, numéro 14, 1922.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

de volupté lugubre, le formidable assortiment d’armes de tous les genres et de toutes les dimensions, réunies par son patron au cours d’une vie aventureuse.

— M. Gibson, dit-il, a des ennemis, comme peut s’en douter quiconque connaît son caractère et ses méthodes. Il ne dort qu’ayant un revolver chargé dans un tiroir à côté de lui. C’est un homme violent, monsieur, et il y a des moments où il nous fait peur à tous. Je suis convaincu qu’il a souvent terrorisé la pauvre madame.

— Avez-vous jamais été témoin de voies de fait sur elle ?

— Non, je ne peux pas dire cela, mais j’ai entendu des paroles qui valaient des sévices, des paroles humiliantes, cinglantes, même devant les domestiques.

— Notre milliardaire ne m’a pas l’air des plus reluisants dans la vie privée, me dit Holmes, tandis que nous nous acheminions vers la gare. Tout bien compté, Watson, nous avons recueilli un assez bon nombre de faits, parmi lesquels il en est de nouveaux. Cependant je ne me vois pas encore près d’une conclusion. Malgré l’antipathie évidente de M. Bates pour son maître, il ressort de ses déclarations qu’au moment où l’alerte fut donnée, Gibson se trouvait dans la bibliothèque. Le dîner avait pris fin à huit heures trente, jusque là il ne s’était rien passé que de normal. À la vérité, l’alerte ne se produisit qu’à une heure assez tardive ; aussi l’heure où avait eu lieu le drame doit être, à peu près, celle dont il est question dans le billet de l’institutrice. Rien ne prouve que M. Gibson ait quitté une minute la maison depuis son retour de la ville à cinq heures. D’autre part, miss Dunbar reconnaît, paraît-il, avoir pris rendez-vous avec Mrs. Gibson près