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« Peut-être, grâce à vous, un rayon de jour percera-t-il les ténèbres ; peut-être ai-je à vous fournir quelque indice dont moi-même je ne m’avise pas. Tout ce que je connais, tout ce que j’ai, tout ce que je suis est à votre disposition pour le salut de cette jeune fille. Si jamais vous avez déployé des ressources dans une affaire, que ce soit dans celle-ci.

« Sincèrement vôtre,
« J. Neil-Gibson. »

— À présent, vous êtes au courant, me dit Sherlock Holmes, qui, sa première pipe fumée, en secouait les cendres pour passer tout de suite à la seconde. Le client que j’attends, c’est Neil Gibson. Quant aux faits de la cause, comme vous n’avez pas le temps de dépouiller tous ces journaux, autant vaut que je vous en résume l’essentiel pour l’intelligence de ce qui peut survenir. Neil Gibson est une des puissances financières du monde ; on lui prête un caractère violent et redoutable. De sa femme, victime du drame actuel, je ne sais rien, sauf qu’elle n’était plus de la première jeunesse et souffrait cruellement des charmes de la jeune institutrice placée auprès de ses enfants. Le mari, la femme, l’institutrice, tels sont les personnages en scène. Pour décor, un vieux manoir, au centre d’un domaine historique. Et voici le drame : la femme est trouvée une nuit gisant sur le sol, à un demi-mille environ de la maison ; elle est en toilette du soir, un châle sur les épaules, la tempe trouée d’une balle de revolver. Aucune arme près d’elle. Il semble que le crime ait été commis assez tard dans la soirée. C’est un garde-chasse qui découvrit le corps vers onze heures ; la police et un médecin l’examinèrent, avant qu’on le transportât au manoir. Résumé-je trop, Watson, ou voyez-vous clairement l’affaire ?