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conserver ce qu’il ne faut pas conserver et rejeter ce qu’il ne faut pas rejeter. Je prie de détruire le journal de ma vie, au temps où j’étais célibataire, après en avoir extrait ce qui en vaut la peine. De même dans le journal de ma vie après le mariage, je prie de détruire tout ce dont la publication pourrait être désagréable à quelqu’un. Tchertkov m’a promis de le faire encore e mon vivant, et à cause de son grand amour pour moi — que je ne mérite pas — et de son grand flair moral, je suis sûr qu’il fera cela très bien. Je prie de détruire le journal de ma vie de célibataire non que je veuille cacher aux hommes une vie mauvaise — ma vie fut celle de tous les jeunes gens sans principes, ordinaire, misérable — mais parce que ce journal, dans lequel je n’ai noté que ce qui m’a tourmenté — la conscience du péché, donne une impression fausse, unilatérale et représente… D’ailleurs, que mon journal reste tel qu’il est. Au moins on verra par lui que malgré la vulgarité et l’ignominie de ma jeunesse je ne fus pas abandonné par Dieu, et qu’au déclin de l’âge j’ai commencé a le comprendre un peu et à l’aimer. J’écris tout cela non que j’attribue une importance plus ou moins grande à mes papiers, mais parce que je sais d’avance que les premiers temps après ma mort on imprimera mes œuvres, on les discutera, on leur attribuera de l’importance. Et s’il en est ainsi au moins que mes écrits ne servent pas à nuire aux hommes. Pour les autres papiers, je prie ceux qui s’occuperont de leur classement de ne pas imprimer tout, mais seulement ce qui peut être utile aux hommes.

« 4° Je prie mes héritiers de remettre à la société les droits d’édition de mes œuvres anciennes — dix volumes — ainsi que de l’Alphabet, c’est-à-dire de renoncer aux droits d’auteur. Je demande cela mais ne l’impose pas