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des lois, que réveille, au premier chant du coq, le plaideur impatient: « Grands dieux, dit-il, que ne suis-je un simple laboureur ! » De son côté, l'homme des champs, qu'un procès arrache à sa ferme et traîne à la ville: « Il faut convenir, dit-il à haute voix, que ces citadins sont d'heureux mortels ! » Ainsi, le discours est le même et partout et toujours; s'il fallait tout raconter, ce grand parleur de Fabius n'y suffirait pas.... Mais brisons là, et sachez où j'en veux venir.

Si donc quelque dieu complaisant disait à ces mécontents: « J'y consens, soit fait ainsi que vous le demandez ! Toi, soldat, je te fais marchand ! Toi, légiste, laboureur ! Allons, çà, changez de rôle, et que chacun aille à ses besognes.... » Ouais ! tous leurs vœux sont comblés, ils s'arrêtent.... ils hésitent.... ils refusent ! Ah ! qu'ils mériteraient bien que Jupiter lui-même, enflant sa joue: « A l'avenir, dirait-il, je serai moins attentif à la prière de ces mortels ! »

Allons encore, et parlons sérieusement, bien qu'un peu de gaieté n'ôte rien à la force d'un sage conseil. ( Combien d'écoliers ont appris leur leçon dans l'espoir d'un gâteau que le maître leur avait promis ! ) Cet homme attaché au rude travail de la terre, ce marchand de vins frelatés, ce soldat, ce