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Il ne s’agit plus maintenant d’avoir peur

Voilà un homme
Je vois qu’il porte une pelisse de fourrure
un chapeau haut de forme
et de grands souliers pointus
Il mâche un cigare mince
et marche à grands pas
Mais où va-t-il
toute la question est là
mais il n’en sait rien Monsieur
Il passe son chemin
en invoquant le Seigneur
et en criant

Suis-je donc si léger que la terre tout entière
roule sur mes épaules
s’appuie comme un bandeau
sur mes yeux rouges de haine

Eux
Les hommes dont le cœur bat trop fort
et pour qui l’air d’une ville
devient irrespirable
qui savent qu’ils ne peuvent plus tenir
qu’une heure
mais qu’après tout sera fini
qui s’en vont lentement
sans craindre de regarder derrière eux
sans fermer les yeux
en écartant les bruits qu’ils n’ont pas encore oubliés