Page:Les Écrits nouveaux, Tome 8, numéros 8-9, août-septembre 1921.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fiait liberté personnelle, défense contre l’Allemagne, la Russie, l’Autriche, est maintenant le plus arriéré, et sans importance intellectuelle ou morale ; c’est l’oppresseur par excellence, la tyrannie la plus outrée, et cela par simple mathématique. Les autres étant tombés, il serait resté le dernier, même s’il n’avait pas empiré.

Mais un symptôme particulier subsiste et augmente. On dit que la décadence d’avant la guerre était à l’étape amusante, maintenant elle n’est qu’alourdissante et assommante. Le symptôme en question est la peur non seulement des idées en général, mais des idées définies qu’on trouve dans deux petits livres que nous allons résumer (et une revue hebdomadaire, « The New Age ».) Suppression, silence à un tel point que même si les idées n’étaient pas intéressantes, même si elles paraissaient stupides, on serait intrigué. Le simple instinct Sherlock Holmes, Arsène Lupin, Villiod, vous conduira à les examiner, à regarder de plus près ce bouchon de cristal, ce document perdu en deux mille exemplaires chaque semaine.

Qu’est-ce qu’il y a là-dedans pour créer un tel silence ? On babille bolchevisme, Marx, Sorel, dans tous les pseudo-salons littérairo-politiques ; dans tous les journaux contrôlés par Vickers et consorts ; et les livres du Major Douglas sont si petits ! Leur éthique paraît ?… Cherchons quoi ?

À la phrase de notre calamité nationale et internationale, de M. Wilson : « Rendre le monde inoffensif à la démocratie », Douglas a répondu : « Rendre la démocratie inoffensive à l’individu. » Réponse presque automatique, mais peu conforme aux doctrines officielles de ceux qui ont la majorité. Ces doctrines sont définies par Rémy de Gourmont : « Le citoyen est une variété de l’homme », « On regarde le citoyen comme animal électoral, animal reproducteur, et animal contribuable. »

Mais chez Douglas, la doctrine de l’individu n’est pas assez outrée pour créer un tel silence. Son ami A.-R. Orage vient de dévoiler peut-être un trou du mystère : « La cause des guerres est aussi connue que la cause de la syphilis ; la cause des guerres est l’effort de déverser des excédents de production dans un marché qui se contracte. » Des nations ou des groupes de nations exportent des excédents dont peut-être leurs nationaux