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LE MAJOR C.-H. DOUGLAS
et la
SITUATION EN ANGLETERRE[1]

La décadence d’un royaume se montre à mesure qu’on supprime les idées ; on calcule cette décadence par le degré de cette peur. L’opposition à une idée vient ou de la peur ou d’une haine barbare, peut-être une forme allotropique et plus robuste de la peur.

Aux États-Unis l’opposition, comme dans les provinces de n’importe quel pays, vient du barbarisme ; on insulte le totem de la tribu. Ce phénomène se montre aussi en Angleterre dans les ordures que dégorgent les évêques anglicans chaque fois qu’on essaye de mettre un peu de justice ou de bonté dans les lois, ou d’y ramener la clarté et le bon sens des lois romaines. Cela n’est nullement nouveau et ne mérite l’attention qu’à titre de débris, ne signifie que l’imbécillité générale et humaine.

La peur dont il s’agit est celle qu’éprouvent les tyrans : phénomène historique qui se répète, mais différent du fait de la stupidité générale. Les privilégiés luttent pour les privilèges, c’est-à-dire pour une injustice profitable. L’Angleterre est maintenant dans une situation analogue à celle de l’Autriche de 1913. Le plus avancé des empires avant la guerre, dont le nom signi-

  1. Nous avons respecté les savoureux exotismes de cet article écrit directement en français pour les Écrits Nouveaux par M. Ezra Pound, un des plus célèbres poètes et critiques anglo-saxons actuellement vivants.