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Tzars de la Moscovie, Tzars terribles et sanglants. Toi, Ivan, qui à treize ans jetas en plein festin le prince Kourbski en pâture à une meute de chiens sauvages, tu fus le plus terrible de tous. Toi, déjà Dieu omnipotent sur terre, dont la naissance fut annoncée par une tempête épouvantable, par des coups de foudre et des éclairs menaçants, tu fus plus fou que Néron, plus féroce que Caligula, plus hypocrite que Tibère, plus humanitaire que Robespierre.

Toi, grand Empereur Pierro, ami des sciences et protecteur des arts, ô toi, le plus grand criminel de la Russie ! aux vices de l’Asie tu vins ajouter ceux de l’Europe déjà en pourriture. Illustre menuisier, tu manias fort bien la hache et pourtant ton bras fatigué ne pouvait couper le premier jour que cinq tètes de tes rebelles. Les jours suivants, en quelques heures, tu en abattais vingt-cinq sans fatigue. Tzar tout puissant, animé d’un désir ardent de savoir, tu comprenais que la science exige de sublimes sacrifices et tu faisais éventrer tes adversaires au milieu de tourments épouvantables pour que les savants docteurs étrangers t’expliquassent la structure des intestins et l’anatomie que tu aimais tant à étudier. Impérial bourreau, organisateur du servage, de l’esclavage, à quoi nous ont menés tes fameuses réformes ; hâtives et prématurées ; à quoi ? dis-nous-le, ami éclairé de l’Occident !



Grand est le Volga : pour boire toute l’eau de ses lèvres démesurées, il court de Novgorod-la-Grande à la mer Caspienne : grand est le Volga et bien belle est la vie sur ses bords, la vie libre des cosaques pillards.

Quelquefois, au milieu d’une nuit sombre, un paysan encore dehors entend un cliquetis confus d’armes, des clameurs sauvages et des cris stridents. Il fait craintivement le signe de la croix et fuit.

Sabbat infernal. C’est le fameux Ataman Stienka Razine, chef des flibustiers et écumeurs, qui festoie. Ce sont les cris déchirants de sa bien-aimée adorée, de la belle princesse persane qu’il traîne par les cheveux pour la jeter en offrande au fleuve en fureur. Et puis ce sont des hurlements, d’autres