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D’abord Ambrosio s’accusait d’un crime dont personne jusque-là n’avait pu soupçonner l’existence. Jamais il n’avait pu se consoler de la perte de l’héritage de son oncle. En apprenant le duel qui avait conduit Donatien aux portes du tombeau, il avait espéré qu’Azélie, devenue veuve et compromise par ses rapports avec le comte de Varennes, n’hésiterait pas à l’accepter pour époux. Cette attente fut trompée, alors il retourna secrètement en Espagne, où il espérait contracter une alliance avec la plus riche héritière de ce pays. Mais sa fortune, qui n’était pas en rapport avec ses prétentions, fit échouer ce projet d’union. Alors Ambrosio, cédant aux suggestions de sa colère et de sa cupidité, résolut de reconquérir à tout prix l’héritage de son oncle. Pour y parvenir, il gagna à prix d’or un des nègres de l’habitation de Donatien, qui avait su gagner la confiance d’Azélie. Ce fut cet homme qui fit tomber aux mains de Donatien le billet qu’Azélie envoyait au comte de Varennes. Quant à la lettre anonyme, elle fut aussi l’ouvrage d’Ambrosio. Ce dernier espérait que, dans un accès de fureur jalouse, l’époux outragé aurait le courage de tuer l’infidèle. Enfin, persuadé qu’il ne pouvait reconquérir l’héritage de son oncle que par la mort d’Azélie, il chargea le nègre de cette horrible besogne. Ce fut la nuit même où Donatien s’éloigna, pour échapper à l’horrible tentation dont il était agité, que le nègre s’introduisit, par la fenêtre, dans l’appartement d’Azélie, et qu’il la frappa avec le poignard de Donatien, comprenant que cette circonstance suffirait pour éloigner les soupçons et pour faire peser tout le poids de l’accusation sur Donatien. Au reste l’assassin n’avait pas longtemps joui du prix de son crime, car il était mort peu après. Quant à Mendoce tout lui avait d’abord réussi, mais il venait d’être frappé dans ses plus chères affections, sa femme avait péri dans le naufrage, qui avait en outre englouti une partie de sa fortune. Il avait offert à l’abbé Gervais de restituer