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Parmi ces derniers, un seul résistait encore, quoique sa mort parût certaine, car nulle embarcation n’osait se mettre en mer pour aller à son secours.

Avec une témérité inspirée par le peu de prix qu’il attachait à la vie, Donatien, qui se trouvait à Lorient, obtint, à force d’or, une barque qu’il monta seul, et se dirigea vers le malheureux naufragé, dont le sort semblait désespéré.

Comme il était facile de le prévoir, la frêle embarcation ne put résister à la violence de la tempête et disparut sous les flots. Mais saisissant l’infortuné qui ne résistait plus que faiblement à l’élément sur le point de l’engloutir, Donatien, mille fois au péril de sa vie, parvint, après des efforts surhumains à le déposer sur le rivage.

L’étranger et son généreux sauveur étaient tous deux sans connaissance, et l’on craignit longtemps de ne pouvoir les ramener à la vie.

Donatien venait d’être transporté dans la petite maison qu’il occupait, sur la côte, avec son fidèle domestique, lorsque Mme Barton et Rose, qui venaient d’apprendre et son héroïque dévouement et le dangereux résultat qui en avait été la suite, se hâtèrent de se rendre près de lui.

Elles trouvèrent Donatien en proie à la fièvre et au délire, il ne reconnut ni Rose, ni sa mère, et la violence de son mal, aggravée par les agitations de son âme, laissait au médecin bien peu d’espoir de le sauver.

En entendant cet arrêt, Rose se sentit défaillir et jura de ne pas survivre à Donatien.

À partir de ce moment, elle veilla nuit et jour à son chevet, avec des alternatives de crainte et d’espoir, qui faisaient de ces longues heures un véritable supplice.

Cependant l’abbé Gervais, qui était absent au moment du départ de Mme Barton, ne les abandonna pas dans cette triste circonstance. Pendant le séjour de Donatien à Saint-Sébastien, il s’était lié avec lui d’estime et d’amitié.