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incertitudes. Résolue à oublier le passé comme un mauvais rêve, et se confiant au pouvoir magique de l’amour elle sentit s’évanouir toutes ses craintes en revoyant Donatien.

Ce fut donc avec une joie bien vive qu’il put lire dans le premier regard de Rose, la conviction de son innocence.

« Ah ! s’écria-t-il, je le vois, vous m’avez conservé votre estime et vous me jugez encore digne de votre amour.

— Oui, reprit Rose, avec douceur, j’ai compris avec mon cœur toutes les souffrances du vôtre, et j’espère que ma constante affection parviendra à conjurer pour jamais les terribles fantômes évoqués par votre imagination.

— Puisse-t-il en être ainsi, dit tristement Donatien, mais en conservant votre amour, ce don précieux dont j’achèterais la possession au prix de mille vies, puis-je espérer encore de vous rendre en échange le bonheur dont vous êtes si digne ?

— N’en doutez pas, mon ami, si vous voulez oublier le passé pour ne songer qu’au bonheur que Dieu vous envoie. »

Quelques jours après, Donatien obtint le consentement de Mme Barton à son mariage avec Rose.

Cependant, cette dernière ne put se résoudre à confier à sa mère les événements qui avaient motivé l’arrivée de Donatien en France. Ce secret fut gardé péniblement par Rose qui n’en avait jamais eu pour sa mère. Cependant, ce secret n’était pas le sien, et elle ne pouvait se résoudre à troubler la sécurité de Mme Barton, qui voyait dans ce mariage des conditions de famille et de fortune qui, jointes au sentiment mutuel des deux fiancés, devaient assurer le bonheur de sa fille. La promesse solennelle, que lui fit Donatien, de rester en France et d’habiter près d’elle ne contribua pas peu à décider Mme Barton à un mariage qui paraissait réunir tous les éléments de bonheur dans le présent et dans l’avenir.