Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitable, la solitude agreste et sauvage de ce lieu, le voisinage de la mer m’ont séduit, et je m’y suis installé avec un vieux domestique de ma famille et une femme de service.

— Alors vous êtes notre voisin, dit Mme Barton, vous viendrez nous voir, nous parlerons de Maurice et de ma chère Blanche, quoiqu’elle vous soit inconnue.

— Bien moins que vous ne le pensez, Madame, reprit Donatien, car mon ami m’a si souvent parlé d’elle et de vous que personne de votre famille ne m’est inconnu. Je profiterai donc avec plaisir de la permission que vous voulez bien m’accorder de venir quelquefois nous visiter. »

Cependant Davila hésitait à remettre le portrait qui devait causer tant d’émotion aux deux femmes. Ce fut d’une main tremblante qu’il présenta à Rose la boîte qui le contenait.

Celle-ci la remit à sa mère qui l’ouvrit avec empressement :

« Ma fille ! s’écria-t-elle.

— Ma sœur chérie ! » dit Rose à son tour.

Et toutes deux fondirent en larmes.

En présence d’une telle douleur, Donatien se sentit profondément touché.

De ce moment, il ne fut plus un étranger pour Rose et sa mère. La vive sympathie qu’il avait montrée pour leur douleur, la mission qu’il avait si religieusement remplie, et son amitié pour Maurice, dont Mme Barton et sa fille ne séparaient pas le souvenir de celui de Blanche, tout leur faisait retrouver dans cet étranger quelque chose de celle qu’ils avaient tant aimée.

Insensiblement, Donatien devint l’hôte assidu de Bois-Rocher. Il demanda la permission de copier le portrait de Blanche, qui, lorsqu’il fut achevé, n’était en réalité que celui de Rose.