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— Il n’en existe plus pour nous depuis la mort de ma sœur, dit Rose qui jusque-là avait gardé le silence.

— Je le sais, mademoiselle reprit-il, et pourtant ce portrait que Maurice m’a prié de vous remettre…

— Ah ! c’est celui de ma sœur, s’écria Rose, combien nous l’avons désiré.

— Vous ne vous trompez pas Mademoiselle, et vous ressemblez tellement à ce portrait que si je n’avais appris en arrivant ici le malheur qui vous a frappé, j’aurais pu m’y méprendre.

— Cette ressemblance a toujours existé, dit Mme Barton, et maintenant elle est plus frappante que jamais ; mais puisque vous étiez l’ami de Maurice, qui devait être mon fils, parlez-nous de lui.

— Ah ! Madame, reprit Donatien, il n’était occupé que de vous et de sa chère Blanche, dont le nom fut le dernier qu’il prononça au moment d’expirer. Je devais l’accompagner en France où il aurait trouvé le bonheur, tandis que je n’y cherchais qu’un peu de calme et d’oubli.

— Vous aussi, Monsieur, dit Rose avec intérêt, vous aviez besoin de chercher des consolations dans l’amitié et le changement d’hémisphère.

— Plus que personne, dit Donatien avec tristesse, je venais de perdre ma mère, ma seule affection, mon unique bien sur la terre, et sans l’amitié de Maurice j’aurais succombé à ma douleur. Sa perte a mis le comble à mon malheur, et sans le désir d’accomplir son dernier vœu, je n’aurais pas trouvé le courage de venir seul en France.

— J’espère, dit Mme Barton, que nous nous efforcerons de remplacer l’ami que vous avez perdu, vous êtes sans doute arrivé par le dernier vaisseau entré dans le port de Saint-Nazaire.

— Oui, Madame, et depuis quelques jours seulement. J’ai loué, près de Saint-Sébastien, la seule maison qui fût