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On éleva une modeste tombe à Blanche, dans le cimetière de Saint-Sébastien.

Pendant bien des semaines et des mois, Mme Barton et Rose, livrées à leur douleur, perdirent la notion du temps, et n’eurent le sentiment de leur existence que par celui de leur malheur.

Peu à peu cette douleur devint plus calme et fit place à une douce mélancolie et à des regrets qui devaient durer toute la vie.

Un mois s’était à peine écoulé depuis la mort de Blanche, lorsqu’on apprit celle de Maurice, qui, sur le point de s’embarquer, avait été saisi par une de ces fièvres, résultat du climat et auquel les Européens échappent rarement.

Maurice n’avait pu apprendre la mort de Blanche, tandis que cette dernière avait ignoré la sienne. Dieu sans doute avait voulu leur épargner cette nouvelle douleur. Par une coïncidence singulière, ils étaient morts tous deux le même jour et presqu’à la même heure. Ni les prières, ni les larmes de ceux qui les aimaient n’avaient pu les retenir.

Comme elle l’avait prévu, Blanche n’avait pas vu le départ des hirondelles dont elle avait salué le retour avec tant d’espérance. Comme ces oiseaux voyageurs, son âme et celle de Maurice s’étaient envolées ensemble vers leur céleste patrie, et séparées sur la terre elles étaient à jamais réunies dans le sein de Dieu.