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spéculations commerciales que je vais entreprendre ici, me forceront à y rester encore près d’un an. Ce temps me paraîtra bien long, mais il assure notre union ; alors nous ne nous séparerons plus ! J’aspire à cet heureux moment, mon cœur et ma pensée s’envolent sans cesse vers vous, et votre portrait fait ma consolation.

» Adieu, ma chère Blanche, assurez de mon respectueux attachement votre mère qui sera bientôt la mienne, et votre sœur que j’aime fraternellement.

» Maurice. »

En recevant cette lettre, Blanche éprouva un sentiment de consolante sécurité. Mais l’absence prolongée de Maurice l’affligeait profondément. Jamais elle n’avait douté de son amour ; mais elle avait besoin d’en recevoir sans cesse une nouvelle assurance.

La famille Barton passa doucement toute la belle saison à Bois-Rocher. Lorsque la mauvaise saison arriva, que les brumes d’automne dérobèrent l’aspect du paysage, que le bruit des vents se mêlant à celui de l’Océan, interrompit seul le silence de leur solitude, les deux sœurs furent saisies d’une involontaire tristesse.

L’état de la mer rendait toute communication impossible, et les lettres de Maurice n’arrivaient pas. Alors Blanche, cédant à ses angoisses, s’imaginait parfois que Maurice ne l’aimait plus. Ce doute était affreux et jetait Blanche dans un état voisin du désespoir. Les douces paroles et les encouragements de sa sœur avaient alors bien de la peine à lui rendre le calme et l’espérance. Les agitations de l’âme de Blanche eurent une fatale influence sur sa santé. Elle tomba sérieusement malade, et quoiqu’elle fût guérie en apparence, elle conserva une extrême faiblesse et fut en proie à des accès d’une fièvre lente. Les médecins, que sa mère appela de Nantes, conseillèrent l’air du Midi, mais il était impossible de faire voyager