Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère lui a accordé la permission de se présenter chez elle, mais ce n’est que pour nous rendre une visite de politesse.

— N’importe, dit Rose en embrassant sa sœur, si j’en crois mes pressentiments, nous aurons bientôt une autre noce et ce sera la tienne.

— Ah ! dit Blanche tristement, Maurice est bien riche, il doit voyager longtemps encore à l’étranger, et si ce mariage était possible, il faudrait me séparer de lui ou de vous.

— Jamais ! jamais ! s’écrièrent ensemble les deux sœurs en s’embrassant de nouveau et en versant des larmes à la pensée d’une telle séparation. »

Le reste du jour s’acheva péniblement. La joie est un état si peu naturel à l’âme humaine qu’elle est toujours suivie de tristesse et d’ennui.

La visite de Maurice ne se fit pas attendre ; elle fut suivie de plusieurs autres.

Blanche et Maurice, dont la mutuelle sympathie était justifiée par la connaissance plus approfondie de leurs caractères, n’avaient encore échangé aucun aveu. Blanche se sentait aimée, et Maurice avait compris qu’il était payé de retour. Heureuse du présent, Blanche jouissait intérieurement du sentiment qu’elle éprouvait comme de celui qu’elle inspirait.

Cependant, Mme Barton s’inquiétait de la fréquence des visites de Maurice, et s’étonnait que son père ne fût pas venu lui demander la main de sa fille.

Maurice le comprit et il résolut d’avoir une explication à ce sujet avec son père, après avoir avoué son amour à Blanche.

C’était par un beau soir d’été, tous deux étaient assis dans l’ombre des tilleuls, dont les fleurs exhalaient un enivrant parfum. Rose travaillait un peu plus loin, rien ne troublait le silence au dehors, la première étoile bril-