Page:Leroy-Beaulieu - Les Guerres contemporaines.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
BIBLIOTHÈQUE DE LA PAIX

rées ! Les faillites se multipliaient dans une incroyable proportion ; on en comptait à Berlin de vingt à vingt-cinq par jour, juste le chiffre qu’on en comptait par semaine dans les temps ordinaires.

Les petits États, enlevés brusquement à leur vie calme et industrieuse, expièrent aussi par bien des pertes, la folie commune. Tous ces travaux publics qu’ils hâtaient avec tant de zèle furent retardés. Bade venait de contracter un emprunt pour ses chemins de fer, la guerre l’absorba ; pareille chose lui était déjà arrivée en 1859 : tous les autres petits États qui, à l’exception de ce moment de délire de 1859, n’avaient contracté que des emprunts de paix, furent forcés de se jeter dans des emprunts de guerre. Et ces réquisitions, et ces ravages, et ces contributions arbitraires, ces 6 millions de florins que le général Vogel de Falkenstein exigea de Francfort, ces 25 millions de florins que le général de Manteufel exigea de la même ville, le lendemain même ; puis cette Bohême désolée, dévastée, ruinée presque par les cantonnements et les combats de 600,000 hommes !

Le coup porté en Allemagne retentit dans l’Europe entière ; ce bouleversement imprévu, cette folie subite qui avait saisi le centre de l’Europe, gagna par contagion les contrées voisines. De toutes parts l’on ne pensa plus qu’aux fusils nouveaux, aux canons prodiges, monstres ou nains, aux armées gigantesques ; il fallut de nouvelles lois de con-