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LES GUERRES CONTEMPORAINES

des ou d’Égypte, dont la qualité est si inférieure à celle des provenances d’Amérique. Cette nécessité même d’aller s’approvisionner en Égypte et dans les Indes créa de grands embarras aux contrées d’Europe. « Les forts achats de coton dans des contrées auxquelles jusqu’à présent on n’en avait demandé que de faibles quantités, et qui, par conséquent, n’ont pas encore pris l’habitude d’une consommation correspondante en produits européens, ont occasionné en 1863, de considérables exportations d’espèces dont le continent s’est ressenti, surtout dans le dernier trimestre. La banque d’Angleterre, qui avait commencé l’année avec un taux d’intérêt de 3 p. %, était arrivée, en décembre, jusqu’à 8 p. %. » (Journal des Économistes, pag. 119, janvier 1864). On voit quelle multitude de perturbations une grande guerre peut amener dans notre civilisation industrielle et économique. L’année 1863 fut surtout terrible à passer. « Cet hiver, écrit le Journal des Économistes, de janvier 1864, ne sera heureusement pas si difficile à traverser que celui de 1863 ; des calculs d’une apparence exacte établissaient que la valeur de la fabrication normale des cotonniers français était de 630 millions, dont le cinquième, ou 106 millions en salaires, et qu’il manquerait environ la moitié du travail, c’est-à-dire que nos ouvriers perdraient encore 53 millions. L’importation du coton a crû cette année d’environ 50 p. %, et il en résulterait que la perte des salaires