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Quant aux garanties pécuniaires, qui ne préviennent pas le mal, qui n’empêchent pas la maladie, les accidents, mais qui assurent des soins, des indemnités, qui mettent à couvert de l’indigence imméritée, elles sont bien connues, quoique encore trop médiocrement usitées. Il reste à les propager, à les rendre universelles, plutôt qu’à les inventer on même qu’à les perfectionner.

Voici, par exemple, les sociétés de secours mutuels. Le développement depuis 25 ans en est considérable. On s’en rendra compte par les chiffres suivants, qui résultent des statistiques officielles :

SOCIÉTÉS DE SECOURS MUTUELS.

Nombre

Avoir total

des membres,

des sociétés.

En 1854

315,000

13 millions de francs.

1860

494~000

25

1876

901,000

76


C’est un grand progrès, puisqu’en trente ans le nombre des membres a presque triplé, et l’avoir total presque sextuplé. Néanmoins, si l’on considère que le nombre des employés, des ouvriers et des journaliers est en France de 4,370,000, soit presque quintuple du chiure actuel des membres, on voit quel développement ces sociétés doivent prendre encore. Il faudra, sans doute, 30 ou 40 ans avant que les quatre cinquièmes des personnes appartenant aux catégories que nous venons d’indiquer fassent partie d’associations de ce genre. On peut espérer que de 1876 à 1900 le développement sera proportionnellement aussi considérable que de 1854 à 1876, c’est-à-dire qu’il y aura alors près de 3 millions d’ouvriers, employés et journaliers, ayant recours au bienfait de la mutualité. Il ne faut pas oublier, non plus, que parmi les personnes qu’on classe comme journaliers, ouvriers et employés, il y en a un grand nombre, la moitié peut-être, tout au moins un tiers ou un quart, qui ont des ressources personnelles, des économies, une petite fortune ou une petite aisance. Quant à l’avoir des sociétés de secours mutuels, il représentait en 1876 environ