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être, a été exceptionnelle ; mais dans chacune des cinq années précédentes le chiffre des indigents en Écosse est notablement inférieur au chiffre de chacune des années antérieures à 1872. On sait que c’est dans les quinze ou vingt dernières années que le développement industriel en Écosse a pris de très-grandes proportions, ce qui inflige encore un démenti à l’opinion d’après laquelle le paupérisme est la conséquence naturelle de la grande industrie.

Nous pourrions poursuivre cette étude en analysant le paupérisme irlandais ; mais l’Irlande est un mauvais terrain d’expérience par diverses causes, sociales, politiques, économiques, elle est une contrée exceptionnelle dans le monde civilisé. On peut presque dire qu’elle n’appartient ni au dix-neuvième siècle, ni à l’Europe ; en tout cas ce n’est pas un pays industriel, et le paupérisme qui la ronge a d’autres origines que celui des autres pays civilisés. Relevons cependant quelques chiffres sur l’Irlande dans la collection des Statistical Abstracts. En 1849 et dans les années qui suivent, temps de famine et de profondes misères pour l’Île-Sœur, une grande partie de la population recevait les secours publics. Sur un peu moins de 7 millions d’habitants (le chiffre du recensement de 1851 est 6,532,386) il y avait, dans l’année 1849, 620,747 personnes assistées en Irlande, dont 197, 392 dans les workhouses ou maisons de secours et 423,353 à domicile. En 1830, le nombre des assistés était encore de 307,970, dont 203,320 dans les asiles et 114, 650 au dehors. En 1831, on comptait 209,187 assistés, dont 2,719 seulement à domicile et 206,468 dans les workhouses. On relève pour les années suivantes 171,418 indigents secourus, soit dans les workhouses, soit au dehors, en 1852 ; 141,822, en 1853 ; 106,802, en 1834. Dans cette période la proportion des indigents assistés avec le chiffre total de la population variait de 9 p. 100 au maximum à moins de 2 p. 100 au minimum. Depuis lors, elle a singulièrement diminué, au point qu’en 1860 le nombre des indigents irlandais officiellement secourus n’était plus que de 44,929, pour une population de 5,798,967 âmes ; c’était moins de 1 p. 100. L’émigration expli-