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veurs généraux des finances, ont vu aussi leur position déchoir, par la réduction de leur traitement fixe, la diminution du taux de leurs remises proportionnelles, l’augmentation des frais de bureau qui sont à leur charge. Néanmoins, quoique le plus grand nombre des receveurs généraux des finances ne reçoivent pas, comme émoluments nets, plus de 30,000 à 40,000 francs, l’envie et l’ignorance s’attaquent à leur situation dont elles s’exagèrent l’importance, et il a été bien des fois question de transformer ces fonctionnaires en agents à traitement fixe.

Pendant que les gros traitements diminuent, au point d’être presque introuvables dans nos budgets, les petits augmentent, et il ne faut pas s’en plaindre. Les distances se rapprochent ainsi dans les cadres bureaucratiques. Autrefois un ministre avait des émoluments qui équivalaient à ceux de cent expéditionnaires, de quarante ou de cinquante commis principaux et d’une vingtaine de chefs de bureau. Aujourd’hui le traitement d’un ministre n’est que sept ou huit fois supérieur à celui d’un chef de bureau, quinze ou vingt fois à celui d’un commis principal et trente ou trente-cinq fois à celui d’un expéditionnaire. Encore fera-t-on dans cette voie d’égalisation de nouveaux progrès. On n’élève pas les traitements des ministres, on accroît sans cesse ceux des chefs de bureau, plus encore des sous-chefs, et par-dessus tout ceux des derniers employés. Autrefois la pratique courante consistait à rémunérer grassement les hauts fonctionnaires et chétivement les subordonnés ; aujourd’hui, c’est l’opposé, on rétribue convenablement les employés des dernières classes et très-chichement leurs supérieurs. Le vice de la méthode actuelle, c’est d’éloigner des fonctions de l’État les hommes les plus actifs et les plus capables. Un vieux préjugé que chaque jour amoindrit a rattaché jusqu’à ces derniers temps beaucoup de familles aux services gouvernementaux, lesquels étaient considérés comme plus relevés, plus constitués que les autres en dignité ; mais quand cette prévention aura complètement disparu, il est peu probable que les administrations dépendant de l’État