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térielle n’est, croyons-nous, que d’une douzaine de mille thalers, 45,000 francs. Tout un cabinet français, avec les huit ou dix ministres qui le composent, reçoit à titre de traitement une somme moitié moindre que ce qui était alloué au chancelier d’Angleterre vers le milieu du dix-septième siècle.

Moins lucratives qu’autrefois, les hautes fonctions politiques sont devenues plus précaires. L’hôtel d’un ministère est presque à la lettre une hôtellerie où il est rare qu’un même homme séjourne plus d’une année. La politique ne peut plus être directement, comme elle l’était sous les anciens gouvernements monarchiques, une source de richesses. Un ministre est, sous le rapport financier, un fort mince et besoigneux personnage, embarrassé pour doter ses filles, et pour vivre avec quelque élégance, nous ne disons pas quelque opulence.

Ce qui est vrai des ministres l’est de toutes les autres fonctions élevées. On a respecté jusqu’ici en France celles d’ambassadeur auxquelles en général on a maintenu depuis vingt ou trente ans les allocations primitives : 250,000 francs à Londres, autant à Saint-Pétersbourg, 190,000 francs à Vienne, 120,000 en Italie les légations n’ont pas, non plus, déchu : 60,000 francs à Bruxelles, à la Haye, à Lisbonne, etc. Ces chiffres paraissent encore énormes au vulgaire ; quelques-uns, les premiers, permettent des économies aux fonctionnaires qui se soucient médiocrement de « représenter, » et qui, en épargnant les dîners et les réceptions, peuvent sur 250,000 francs en mettre de côté le tiers ou la moitié. Mais ce sont là des exceptions rares que l’on a déjà parlé de supprimer en n’allouant aux ambassadeurs qu’un traitement fixe réduit qui pourrait, il est vrai, être grossi de frais de représentation lesquels ne seraient payés que sur pièces justificatives. Quant aux traitements habituels de la diplomatie, ils sont si chétifs qu’on a vu de simples journalistes refuser des légations parce qu’elles leur eussent été onéreuses.

Le haut personnel administratif n’est pas mieux doté. Les préfets touchaient autrefois 20,000, 30,000 et 40,000 francs, selon les classes. Celui de la Seine recevait bien davantage.