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CHAPITRE XI

DE LA CLASSE DES INDUSTRIELS ET DES COMMERÇANTS. COMMENT ELLE EST AFFECTÉE PAR LE MOUVEMENT DE LA CIVILISATION MODERNE.


Observation de Stuart Mill que la civilisation a une tendance à diminuer de plus en plus les rapports de maître à serviteur et de patron à salarié. — Cette remarque est vraie pour les rapports de maître à serviteur. — Démonstration par les variations du produit de la taxe sur les domestiques mâles en Angleterre. — L’observation de Stuart Mill est fausse en ce qui concerne la diminution des rapports de patron à salarié.

Disparition de beaucoup de petites professions indépendantes et concentration de l’industrie. — Nombre énorme, néanmoins, des patentes en 1878 il est beaucoup plus considérable qu’en 1845. — Analyse des patentes en France. — Cette augmentation ne, s’explique pas uniquement par l’accroissement du nombre des débits. — Les statistiques des commerçants et des industriels assujettis à l’Income tax en Angleterre.

De l’influence de la civilisation sur la classe des entrepreneurs de commerce ou d’industrie. — Les trois phases par lesquelles passe l’industrie. — Nous sortons à peine de la période chaotique de la grande industrie.

Caractère particulier des profits de l’entrepreneur : il est très distinct de l’intérêt du capital, des salaires du travail ou même du « salaire de direction ». — Les quatre éléments qui entrent dans les profits industriels et commerciaux. — Comment la civilisation agit sur chacun de ces quatre éléments. — La civilisation augmente la considération de la classe des industriels et des commerçants, par conséquent rend dans ces professions la concurrence plus ardente et tend à y déprimer les bénéfices. — La civilisation rend beaucoup plus communes les qualités intellectuelles et morales nécessaires pour la pratique de l’industrie et du commerce, ce qui tend au même résultat que la cause précédente. — Les risques industriels et commerciaux deviennent moindres, les industries sont plus anciennes et plus connues, ce qui tend encore à réduire les profits. — Difficulté croissante de faire de grandes fortunes dans les industries principales et déjà acclimatées.

La baisse du taux de l’intérêt n’est pas à la longue favorable aux industriels et aux commerçants : elle tend aussi à déprimer leurs bénéfices.

Tout le développement de la civilisation doit donc réduire dans des proportions considérables : les profits des commerçants et des industriels.

Influence de la civilisation sur la situation respective des différentes catégories de commerçants. — Distinction entre les causes naturelles et les causes artificielles qui favorisent la grande industrie au préjudice de la moyenne et de la petite. — De l’organisation de plus en plus bureaucratique des sociétés modernes. — S’il est vrai qu’il soit plus difficile qu’autrefois à un bon ouvrier de s’élever.