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ler. On connaît le type de la maison ouvrière mulhousienne : c’est une construction isolée, divisée du haut en bas en quatre logements, dont chacun a un petit jardin, un grenier, une cave ; quelquefois cette habitation n’a qu’un rez-de-chaussée d’autres fois, ce qui vaut mieux, on y joint un étage. La grande difficulté pour cette entreprise est double c’est d’abord d’établir un prix de revient modéré, qui soit accessible aux simples ouvriers ; c’est ensuite de satisfaire les exigences du fisc qui, avec ses droits de mutation, de timbres et autres, prélève 10 p. 100 environ du montant du prix. C’est une chose triste à dire, que toute mesure destinée à améliorer le sort de la population ouvrière rencontre un adversaire obstiné, le fisc. La solution de ce qu’on appelle la question sociale consisterait à supprimer ceux des impôts qui empêchent l’ouvrier de devenir propriétaire ou capitaliste et de transmettre à sa famille par héritage son patrimoine, sans que le fisc en prélève une trop grosse part. La réduction à un demi pour cent des droits de vente d’immeubles est un des dégrèvements les plus utiles il rendrait de bien plus grands services que la diminution des impôts de consommation.

À Mulhouse le prix de revient d’une maison ouvrière est de 3 ou 4,000 francs. Aux environs de Paris et à cause du renchérissement de la main-d’œuvre on pourrait évaluer la dépense à 6,000 francs au maximum, en comprenant un jardin de 150 à 200 mètres par habitation. Le prix du terrain ne dépassant pas dans les localités encore désertes des environs de Paris 1 ou 2 francs le mètre, ce ne serait pas là un grand surcroît de frais. En comptant 800 francs pour le terrain, soit de 3 à 4 francs le mètre, il resterait encore 5,500 francs pour l’habitation. En attendant qu’elles fussent achetées, ces maisons pourraient être louées moyennant un intérêt de 4 1/2 p. 100, qui est largement rémunérateur dans les conditions actuelles du marché des capitaux, ce serait un loyer de 270 francs, très inférieur à ce que payent beaucoup de familles d’ouvriers. Pour acquitter immédiatement le prix, l’ouvrier trouverait bien des établissements de crédit foncier qui lui feraient l’avance de la moitié ou des