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l’est, et à 5,000 ou 6,300 mètres au nord et à l’ouest. La ville n’a donc que 10 kilomètres ou deux lieues et demie de largeur et de longueur. C’est assez dire qu’un bon système de voies de communications urbaines et suburbaines permettrait aux ouvriers d’habiter dans les campagnes environnantes ; il n’y aurait, en effet, rien d’abusif ou de fatigant pour les ouvriers à faire chaque matin une lieue ou une lieue et demie pour se rendre à l’ouvrage et autant le soir pour en revenir. Or, comme la plupart des ateliers sont situés dans la périphérie et non pas dans le centre de la ville, cela permettrait aux travailleurs manuels d’avoir une maison et un petit jardin à un, deux ou trois kilomètres des fortifications, dans des endroits où le terrain ne coûte souvent que deux ou trois francs le mètre.

On peut se demander s’il y a eu depuis cinquante ans une amélioration dans le logement de la grande masse de la population parisienne. Le nombre des constructions n’a pas suivi exactement la même proportion que celle de la population. Ainsi en 1817 on comptait dans l’ancien Paris 27,000 maisons et 224,000 logements pour environ 700,000 habitants ; en 1851, toujours dans l’ancien Paris, le nombre des maisons était de 30,000, celui des logements de 384,000 pour une population d’environ 100,000 âmes. En 1872, il y avait 70,000 maisons et 682,000 logements ; on comptait en 1876 un peu moins de 73,000 maisons et 685,000 appartements environ. Ce chiffre de 75,000 s’applique non seulement aux maisons d’habitation, mais aux constructions de tout genre, ateliers, etc. On ne peut estimer à moins d’une dizaine de mille les constructions qui ne sont pas destinées à l’habitation. Il ressortirait ainsi de ces chiffres que la moyenne des logements par maison destinée à être habitée a assez notablement augmenté de 8 environ en 1817 ou de 8 et demie, elle s’est élevée à 10[1]. On est donc bien loin de l’idéal social qui voudrait que chaque famille eût

  1. M. Loua, dans sa très savante étude sur Les vues et les maisons de Paris d’après les résultats du cadastre révisé (Bulletin de la Société de statistique de février 1880), fixe à 9,1 en moyenne, les locaux d’habitation par maison parisienne, a 4,5 le nombre moyen de locaux industriels également par maison, et à 2,9 le nombre moyen d’habitants par local d’habitation.